BÉART Guy

© Dessin Elizabeth Fenn

 

PRÉSENTATION: Un des plus grands, qu’on aurait un peu tendance à oublier face aux Jacques, Georges et autre Léo. Mais Guy BÉART est un de nos plus habiles paroliers et un mélodiste moins facile qu’il n’y paraît. Bref, une des œuvres majeures dans la chanson française. Une œuvre que l’auditeur aux « oreilles de lavabo » a eu un peu tendance à négliger, égaré par cette drôle de voix qui n’a jamais fini de muer. Guy BÉHAR est né au Caire le 16 juillet 1930. Son père, autodidacte sans diplôme, a réussi à devenir expert-comptable. Il tient les comptes de sociétés étrangères, ce qui explique que la famille voyage beaucoup, surtout autour de la Méditerranée. Ce père lui enseigne la musique, l’astronomie, le calcul, l’algèbre. Il lui transmet également ses idéaux de liberté, d’égalité, de fraternité. Le petit Guy apprend la mandoline dès l’âge de trois ou quatre ans. Et à la radio, il entend Maurice CHEVALIER, Tino ROSSI, Charles TRENET. Alors, lui aussi écrit des chansons. Mais la voix mue… et la mue s’arrête. A vingt-deux ans, il est ingénieur des Ponts et chaussées. Après la mandoline, il apprend le violon. Il travaille mais, pour arrondir ses fins de mois, il envisage d’écrire des chansons qu’il fera interpréter par les autres. Et pour exposer ses chansons en public, il apprend la guitare. Un soir, deux de ses amis l’entraînent à « La colombe », un bistrot non loin de Notre-Dame, où l’on dîne, on boit, on chante et on dit des poèmes. En entendant ses chansons, le patron, Michel VALETTE, lui propose de venir les chanter tous les soirs. Mais il travaille et veut bien venir une fois ou deux par semaine. En 1955 à Nice, il assiste au tour de chant de Brassens et, après, va lui montrer ses chansons. Réaction du maître : « Depuis le temps qu’on me montre des chansons, voilà un jeune qui sait les faire ». Il demande également son avis à TRENET. Puis à PATACHOU, mais elle répond qu’elle part en tournée. Enfin, la chanteuse Béatrice MOULIN entend les chansons de BÉART à La colombe : elle alerte immédiatement Jacques Canetti. Celui-ci le fait passer immédiatement aux Trois Baudets. Tout s’enchaîne : PATACHOU, de retour, prend des chansons de BÉART. Zizi JEANMAIRE, qui prépare sa rentrée à l’Alhambra, a besoin de chansons. Enfin, Juliette GRÉCO consacre tout un super 45 tours aux chansons de Guy. Mais il attend que ses chansons soient suffisamment rodées pour enregistrer à son tour. Le 25 cm qui en résulte contient des tas de futurs classiques : Qu’on est bien, Chandernagor, Le bal chez Temporel (un poème de André HARDELLET), Le quidam, L’obélisque, Le chapeau… Au dos de la pochette, deux dédicaces : Pierre Mac ORLAN et Georges BRASSENS ! Et le disque obtient le Grand prix du disque de l’académie du disque français. Et l’année suivante, c’est le fabuleux succès de « L’eau vive », composée pour le film de François VILLIERS d’après le roman de Jean GIONO. Guy BÉART n’est plus un auteur de « chansons bizarres » mais un chanteur populaire. Les succès s’enchaînent : Poste restante, un disque consacré aux textes de Marcel AYMÉ (Ne tirez pas le diable) puis les chansons du film « Pierrot-la-tendresse ». Mais, comme beaucoup de ses confrères, il va souffrir de la période yéyé. Alors, pour résister, il tente un canular, relancer la mode du tango (Les bras d’Antoine). Et il décide de devenir son propre producteur. Les disques Temporel marchent bien : Frantz (avec Marie LAFORÊT), Les souliers, Allo, tu m’entends, Les grands principes, Qui suis-je ?... La télévision s’intéresse alors à lui : mais il a des idées précises pour ses « Bienvenue ». Il veut un « bordel » mais un « bordel heureux », le ton d’une soirée entre copains. On voit dans son émission Marcel MARCEAU, Louise de VILMORIN, Raymond DEVOS, Arthur RUBINSTEIN, Elsa TRIOLET et Louis ARAGON, Georges BRASSENS, Jean-Pierre MELVILLE, Duke ELLINGTON, et même Yves MONTAND qui accepta de chanter avec des musiciens qui n’étaient pas les siens. Il parvient avec son système à filmer vingt émissions en un mois. L’émission, outre sa popularité, est très économique. Ce qui ne plaît pas forcément aux hauts « responsables » de la télé. Alors, il laisse tomber. En 1966, il avait remis à la mode les « Très vieilles chansons de France » (Le pont de Nantes, Vive la rose). Devant le succès du disque, il récidive en 68 avec « Les nouvelles très vieilles chansons de France » (V’la l’bon vent, A la claire fontaine…) Puis il explore une nouvelle voie, peu traitée en chanson, celle de la science-fiction : Le grand chambardement, Les enfants sur la lune, Le voyageur de rayons… La suite de la carrière est ponctuée d’excellentes chansons qu’on n’entendra pas et d’autres, aux propos plus anodins (quoique excellentes) qu’on entendra : Les couleurs du temps, L’espérance folle… Enfin un enregistrement en public, en 1974 : Béart à l’université. Le double 33 tours a été enregistré à l’Université de Louvain, dans les conditions qu’il aime, c’est-à-dire qui préservent la spontanéité. En 1976, le 33 tours de nouvelles chansons consacre son côté visionnaire : Le Messie, Le miracle vient de partout… Cette même année paraît l’intégrale de ses textes chez SEGHERS ainsi qu’un drôle de double disque dans lequel Madeleine RENAUD et Jean-Louis BARRAULT disent ses textes. On s’aperçoit à cette occasion que ses textes peuvent être dits, signe de leur perfection. En 77, il chante à la Comédie des Champs-Elysées, ce qui donne lieu à la parution d’un coffret de trois 33 tours. En 78, Olympia, puis nouveau disque avec l’amusante Danse du temps et La bombe à Neu-Neu où il traite – avec humour – du péril atomique. Et plus sérieusement, Idéologie, dans laquelle il dit toute sa méfiance envers toutes les idéologies. En 1981, dernier disque de chansons nouvelles avant un long silence : Le beau miroir, Trouilletulaire (la machine à faire du vent), Les pouvoirs (contre tous les pouvoirs). Le disque de 82, « Chansons gaies des belles années », a été enregistré en souvenir de son père : En revenant de la revue, Viens Poupoule… Et un canular dont BÉART a le secret : la chanson Porte-bonheur, qu’il attribue à un certain Victor PARIS, chansonnier bien oublié de la fin du XIXe siècle. Le canular dépasse toutes ses espérances : les descendants de Victor PARIS se font connaître et réclament leurs droits. Béart, gravement malade, disparaît provisoirement. Il reparaît en 86 avec « Demain je recommence », d’un bel optimisme et l’amusant « Emile s’en fout » puis huit autres chansons d’un niveau un peu faible. Mais ce retour est suffisant pour lui valoir un passage à l’Olympia. Il publie également cette année-là « L’espérance folle », livre dans lequel il raconte (un peu) ses souvenirs et expose (beaucoup) en bon scientifique ses théories. En 89, c’est l’originale expérience de « Liban libre, libre Liban », qu’il est allé enregistrer au Liban dans la rue avec des enfants et des jeunes. Puis, après un nouveau et très long silence, sort en 95 son premier CD, d’un haut niveau : « Il est temps ». Ce qui lui vaut un passage d’une semaine à l’Olympia. Son dernier passage en public date de 99 : cinq semaines à Bobino. On attend de ses nouvelles avec impatience.

© Jean-Paul CHEVALLEY
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