

PROCHAINE EXPEDITION LUNDI 5 MAI 2025
LIVRE
PROCHAINE EXPEDITION LUNDI 5 MAI 2025
LIVRE
Collection "Cahiers d'études Léo FERRÉ".
204 pages.
Ces cahiers se veulent ouverts sur l'avenir, avec l'ambition d'approfondir et de prolonger l'oeuvre-vie de Léo Ferré pour faire connaitre son rayonnement et ses influences. Ils tentent de déchiffrer et de défricher les multiples chemins de la pensée ferréenne. Chaque numéro, articulé autour d'un thème central et de différentes chroniques et rubriques, est l'occasion d'aborder, une façon inédite et libre, la galaxie Léo FERRÉ. Éditorial N°9 : Acrates ? Connaissez-vous l’antique nom des anarchistes? An est privatif, archè veut dire pouvoir, commandement. Être en anarchie, c’est être dans le refus de toute autorité d’où qu’elle vienne et dans le même mouvement refuser de vouloir commander autrui. Le sens originel est là. C’est celui qui frappa l’esprit adolescent de Léo Ferré. Philosophiquement, Stirner et Bakounine nourrirent l’esprit de la révolte. Anarchie. Le mot a connu et connaîtra encore des mésaventures, de mauvaises interprétations. Le commun l’assimile au chaos, au désordre source de guerres, d’iniquités, ainsi que certains des dictionnaires. Vivre en anarchie, c’est tenter de vivre en se gouvernant soi-même avec autorité. Sois toi, tu n’es que toi signe Léo Ferré dans L’Opéra du pauvre. Le poète parle à n’importe qui... aux insomnies... aux putains galaxiques... aux chiens perdus… à Rutebeuf… à Jacques Prévert… Aux pavés secs de 68… Sa vaste mémoire engrangerait délires et raisons de vivre. Quand le vent anar de votre mémoire plante en vous les vivantes racines de l’amour, vous devenez maison et centre d’un intérêt fraternel. Fraternité, bonté, beauté peuvent alors nourrir le véritable don de soi. On peut alors saisir la profondeur et la justesse de certaines formules de Léo Ferré : « Le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir ». « Le vent est l’image de l’anarchie » écrit François-Victor Rudent dans sa fertile étude Léo Ferré, un rêve insensé. Le rendez-vous du poète avec le vent est présent au long cours de son œuvre, de son refus créateur à sa vie créatrice. Dans le vent s’épaulent (ou alternent) douceur et violence. Il détruit ou vivifie. L’œuvre de Ferré se déroule sur cette ligne de crête. Le vent des réels et des rêves a laissé des traces légères et incisives dans sa poésie et les modulations de sa musique. Léo Ferré rejoint les grands poètes Shelley, Dylan Thomas, par exemple. C’est son haut métier d’artiste de scène, fait de souffle et de voix, qui l’invite à s’identifier à la force vitale de ce vent d’anarchie. « La poésie est une joie de souffle, l’évident bonheur de respirer » formule Bachelard. L’homme-poète a dans son cœur « cette main gantée de vent/avec son fichu de tempête » comme s’il avait voulu préserver les pays de l’enfance. Amour/Anarchie pour vaincre la douleur ? Léo Ferré eût répondu qu’il est vraiment difficile de réaliser cela. Une joie aérienne caractérise l’œuvre du poète-musicien. Une jubilation parfois teintée d’amertume. Comprendre ce vent, c’est saisir l’énigmatique clarté du poème ferréen, c’est vivre sa poésie faite femme, c’est décliner l’éthique de son cœur et du don de soi. L’amour, la poésie, la liberté palpés, sculptés, scrutés par son verbe dans leur dimension subversive. J’y vois là le fantastique pouvoir du lyrisme de l’écrivain. Amour Anarchie, formule de vie, synonymie subversive, clé pour délivrer les songes de l’amour fou, pour la reconquête du désir, pour la naissance, dans l’instant de vivre, de l’homme libre chéri par la mer.
Fiche technique
Références spécifiques
LIVRE